La géométrie telle que nous la connaissons trouve ses origines il y a des milliers d’années, dans l’Égypte antique. Saviez-vous que ce sont les crues annuelles du Nil et un curieux personnage, le « harpenodapta« , qui sont à l’origine de cette discipline des mathématiques ? Retour sur une histoire fascinante.
L’Égypte, ce don du Nil
Tout commence il y a plus de 5000 ans, dans la vallée du Nil, ce fleuve mythique qui traverse l’Égypte du sud au nord sur près de 6700 km. À cette époque reculée, la vie n’est possible que sur les rives du Nil. En effet, le pays est constitué de vastes déserts de sable où la survie est impossible.
Le Nil est littéralement le don de l’Égypte antique. Sans lui, nulle vie, nulle civilisation n’aurait été envisageable dans cette région aride. D’où son surnom évocateur de « fleuve providentiel ».
Des crues synonymes de fertilité
Mais le Nil n’est pas un long fleuve tranquille. Chaque année, lorsque le printemps revient, d’intenses précipitations s’abattent sur les montagnes situées au sud de l’Egypte, à des milliers de kilomètres.
Ces trombes d’eau s’écoulent alors dans le lit du Nil. En arrivant en Egypte après un long périple, le débit du fleuve est tellement fort que ses eaux débordent et inondent les plaines situées sur ses rives.
Ces inondations annuelles sont en réalité une bénédiction déguisée pour les Egyptiens de l’Antiquité. En effet, en se répandant hors du lit du fleuve, l’eau charrie avec elle le précieux limon noir issu de l’érosion des sols en amont.
Une fois les eaux retirées, ce limon fertile se dépose sur les terres et les rend très propices à l’agriculture. Les crues du Nil permettent donc aux Egyptiens de profiter de récoltes abondantes !
Des crues sources de conflits
Cependant, si vitales soient-elles, ces inondations ne sont pas sans poser certains problèmes. Les flots violents effacent en effet les limites qui séparent les parcelles des différents fermiers égyptiens.
Ainsi, à chaque retrait des eaux, des conflits éclatent pour déterminer à qui appartient telle ou telle portion de terre nouvellement enrichie.
Pour rétablir la paix dans le royaume et permettre aux paysans de cultiver à nouveau, il faut donc remesurer et répartir les terres convenablement.
C’est là qu’entre en scène un personnage fascinant : Le harpenodapta.
Le harpenodapta, ce héros méconnu
Le « harpenodapta » est celui qui va permettre de résoudre ces conflits grâce à son savoir-faire unique : la mesure de la terre.
Son nom, issu du grec ancien, signifie littéralement « celui qui tend la corde« . En effet, le harpenodapta utilise de longues cordes à nœuds pour mesurer et délimiter les parcelles une fois les eaux du Nil retirées.
C’est un personnage respecté avec une fonction capitale. Sans lui et son expertise, impossible de rendre aux paysans égyptiens leurs terres cultivables !
La naissance de la géométrie
Armé de ses cordes nouées, le harpenodapta s’attelle donc à mesurer méticuleusement les terres après chaque crue du Nil. Pour délimiter des parcelles, il forme généralement des triangles rectangles à l’aide de ses outils.
Bien qu’ils l’ignorent à l’époque, les harpenodapta sont ainsi les premiers géomètres de l’Histoire ! En effet, la géométrie (de « gê », la terre et « metria », mesure) est née de ce besoin pratique de mesurer les terres après les débordements du Nil.
Au fil du temps et des générations, les Egyptiens réalisent la portée de ce savoir hérité des harpenodapta. Ils commencent alors à théoriser et à systématiser les pratiques issues de l’arpentage des terres.
Ainsi, en partant de simples besoins concrets des paysans, une véritable science rigoureuse a pu voir le jour : la géométrie !
L’héritage durable des harpenodapta
Grâce aux harpenodapta et à leur besoin vital de mesurer la terre après les crues du Nil, les bases de la géométrie ont été posées il y a 5000 ans. Leur savoir empirique s’est petit à petit transformé en une science à part entière.
La géométrie a ainsi accompagné le développement de la brillante civilisation égyptienne antique. Cette discipline fut essentielle pour mener à bien des chantiers colossaux, comme la construction des pyramides et des grands temples.
Aujourd’hui, la géométrie est une science fondamentale, qui a même essaimé dans les mathématiques abstraites avec la géométrie analytique et non euclidienne.
Qui aurait cru qu’une simple corde à nœuds serait à l’origine d’une telle odyssée intellectuelle ? Voilà un bel hommage à rendre à ces harpenodapta méconnus, mais vrai géniteurs de la géométrie !
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