Dans le domaine de l’exploration spatiale, certaines découvertes captivent particulièrement notre imagination. Parmi celles-ci, les mystérieuses « araignées de Mars » occupent une place de choix. Ces formations géologiques uniques, observées par la sonde Mars Express de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), continuent de fasciner les scientifiques et le public.
Qu’est-ce que les « araignées de Mars » ?
Contrairement à ce que leur nom pourrait suggérer, les « araignées de Mars » ne sont pas des créatures vivantes. Il s’agit de formations géologiques caractéristiques qui apparaissent à la surface de la planète rouge, principalement dans les régions polaires sud. Leur appellation provient de leur apparence : des réseaux de canaux creusés dans le sol qui convergent vers un point central, rappelant la forme d’une araignée vue du dessus.
Ces formations, également connues sous le nom scientifique d’aranéiformes, sont en réalité des réseaux de canaux érodés dans le sol martien. Les canaux individuels peuvent mesurer jusqu’à 1 mètre de profondeur et jusqu’à plusieurs centaines de mètres de long. L’ensemble de la structure « en araignée » peut s’étendre sur une zone allant de 45 mètres à 1 kilomètre de diamètre.
Le processus de formation des « araignées »
La formation de ces structures est un processus complexe, unique à l’environnement martien :
- Dépôt hivernal : Pendant l’hiver martien, une couche de glace de dioxyde de carbone (CO2) se dépose sur le sol, pouvant atteindre une épaisseur d’un mètre.
- Réchauffement printanier : Au printemps, le soleil réchauffe la base de cette couche de glace.
- Sublimation : Le CO2 se sublime, passant directement de l’état solide à l’état gazeux.
- Accumulation de pression : Le gaz s’accumule sous la couche de glace restante, créant une pression croissante.
- Éruption : La pression provoque des ruptures dans la glace, créant des geysers de gaz chargé de poussière sombre.
- Érosion : Ces éruptions érodent le sol, creusant progressivement les canaux qui forment les « pattes » des araignées.
- Dépôt : La poussière retombe sur la surface, créant des taches sombres visibles depuis l’orbite.
Ce cycle se répète chaque année martienne, approfondissant et élargissant les canaux existants.
Où peut-on observer ces « araignées » ?
Ces formations sont particulièrement visibles dans une région de Mars surnommée « Inca City », officiellement appelée Angustus Labyrinthus. Cette zone, découverte en 1972 par la sonde Mariner 9 de la NASA, est caractérisée par un réseau fascinant de crêtes qui ressemble à des ruines incas, d’où son surnom.
Inca City est située près du pôle sud de Mars. Cette localisation n’est pas un hasard : elle est directement liée au cycle saisonnier de gel et de sublimation du CO2 qui est à l’origine de ces formations.
L’importance scientifique des « araignées de Mars »
L’étude de ces formations nous offre des informations précieuses sur plusieurs aspects de la planète Mars :
- Changements saisonniers : Les « araignées » sont un indicateur visible des changements saisonniers sur Mars.
- Cycle du CO2 : Leur formation est intimement liée au cycle du CO2 sur Mars, nous aidant à comprendre comment ce composé se déplace entre l’atmosphère et la surface.
- Processus géologiques uniques : Ces formations n’ont pas d’équivalent exact sur Terre, illustrant des processus géologiques spécifiques à Mars.
- Modélisation climatique : Les observations des « araignées » contribuent à affiner nos modèles météorologiques et climatiques de Mars.
- Histoire géologique de Mars : L’étude de la région d’Inca City nous donne des indices sur l’histoire géologique plus large de Mars.
Conclusion
Les « araignées de Mars » sont un parfait exemple de la façon dont des processus naturels peuvent créer des formations étonnantes sur d’autres planètes. Elles nous rappellent que l’exploration spatiale continue de révéler des phénomènes fascinants, élargissant notre compréhension de la diversité géologique dans notre système solaire.
Source : ESA – Signs of spiders from Mars